Salut à tous !
Aujourd’hui, on se retrouve pour parler d’un nouvel article scientifique Comparison of Upper Central Incisor Torque in the ClinCheck® with and without CBCT Integration: A Cross-Sectional Study (Queirós et al., 2024). Cet article explore l’impact de l’intégration du Cone Beam Computed Tomography (CBCT) dans le logiciel ClinCheck® sur la précision des mesures de torque des incisives centrales supérieures.
Le contrôle du torque est un défi majeur en orthodontie, notamment avec les aligneurs transparents comme Invisalign®. Cette étude analyse comment l’ajout du CBCT influence les décisions cliniques et l’optimisation du mouvement radiculaire. En intégrant l’imagerie 3D, le CBCT pourrait permettre une meilleure prédictibilité des résultats et éviter certaines complications parodontales.
Voyons ensemble ce que nous apprend cette étude et comment l’intégrer dans votre pratique quotidienne !
De quoi parle cet article ?
1. Objectifs de l’étude
L’étude compare les mesures de torque des incisives centrales supérieures obtenues dans ClinCheck®, avec et sans CBCT, afin de déterminer si cette intégration améliore la précision du diagnostic et de la planification.
2. Méthodologie utilisée
Les chercheurs ont analysé 70 dents issues de 35 patients, en mesurant l’axe long des incisives à partir d’images CBCT et sans CBCT dans ClinCheck®. Les différences ont été évaluées grâce à AutoCAD® et SPSS® pour une analyse statistique approfondie.
3. Résultats clés
- Les mesures de torque obtenues avec CBCT sont systématiquement plus élevées que celles obtenues sans CBCT.
- L’écart moyen entre les deux méthodes était de 27,8° pour l’incisive droite et 21,5° pour l’incisive gauche.
- Aucune différence significative n’a été trouvée en fonction du biotype facial des patients.
- Le CBCT permet une meilleure visualisation des structures osseuses, réduisant le risque de résorption radiculaire, fenestrations et déhiscences osseuses.

Qu’est-ce qu’il faut retenir ?
- Le CBCT améliore la précision de l’évaluation du torque : En intégrant la racine dans le calcul, les mesures sont plus fiables.
- Réduction des risques parodontaux : Meilleure anticipation des limites osseuses pour éviter la résorption radiculaire.
- Impact clinique significatif : Meilleure planification du torque dans ClinCheck®, notamment pour les cas complexes.
Comment le mettre en œuvre ?
- Utilisez le CBCT pour les cas complexes : Si vous traitez des incisives nécessitant un contrôle précis du torque, le CBCT peut affiner votre planification.
- Éduquez vos patients : Expliquez comment une analyse CBCT peut améliorer leur traitement et limiter les risques parodontaux.
- Intégrez une approche hybride : Le CBCT n’est pas nécessaire pour tous les cas, mais il constitue un atout précieux pour les cas de grande précision.
Mon avis sur cette étude scientifique
Cette étude confirme que les évaluations de torque basées uniquement sur la couronne sont sous-estimées par rapport aux mesures CBCT. Cela corrobore d’autres travaux soulignant l’importance de prendre en compte la racine pour éviter les erreurs de planification.
L’étude met en lumière l’intérêt du CBCT, tout en rappelant que son utilisation systématique n’est pas indispensable pour tous les cas. Il est essentiel de trouver un équilibre entre précision accrue et exposition aux radiations, en fonction des besoins cliniques spécifiques.
En revanche, ce qui devrait être systématique, selon moi, c’est la visualisation des racines lors de la planification des traitements par aligneurs, qu’elles soient issues d’un CBCT ou simulées à partir d’une bibliothèque de racines standard. En effet, la représentation des racines apporte une lecture plus intuitive du torque initial et du torque appliqué, bien plus pertinente que l’interprétation fastidieuse du tableau des mouvements.
Une autre réflexion concerne l’utilité de la visualisation osseuse dans la simulation. Bien que cet outil ait suscité un fort engouement, son intérêt réside avant tout dans le diagnostic initial plutôt que dans la phase de simulation. Certes, il permet d’évaluer le volume osseux disponible et d’identifier les zones à risque, mais il peut aussi induire une réticence excessive à appliquer des surcorrections par crainte de « sortir les dents de l’os ». Or, nous savons que les surcorrections ne sont pas destinées à être exprimées totalement, mais à garantir que le mouvement prévu se réalise avec une prédictibilité optimale. Cet outil est donc un excellent assistant de diagnostic, mais un mauvais guide de planification : il doit être utilisé avec discernement.
En définitive, malgré les avancées numériques, rien ne remplace le jugement clinique et une planification rigoureuse intégrant le contexte anatomique et les contraintes biologiques. L’intégration du CBCT dans nos simulations représente un atout majeur pour affiner le contrôle du torque et limiter l’imprévu, mais elle doit s’inscrire dans une réflexion plus large sur la biologie osseuse, la gestion des forces et la stratégie de mouvement. Une fois encore, la qualité de la planification demeure la clé d’un traitement efficace et prédictible en orthodontie par aligneurs.
Rejoignez l’Aligner Study Club pour approfondir ces techniques et garantir des résultats optimaux à vos patients !
Dr Daniel Bouhnik